Mais qui êtes-vous Raymond QUENEAU ?
1. « Je naquis au Havre un 21 février »
Raymond Queneau naquit au Havre le 21 février 1903, dans une famille de commerçants.
En 1920, son baccalauréat en poche, il se rend à Paris pour préparer une licence de philosophie à la Sorbonne et à l’École pratique des hautes études où il suit notamment les cours d’Alexandre Kojève sur Friedrich Hegel.
Il fréquente le groupe surréaliste dès 1924, groupe qu’il quittera en 1929 pour des raisons personnelles. Il épinglera à ce sujet André Breton dans son roman Odile paru en 1937. Après son service militaire effectué entre 1925 et 1927 ( en pleine guerre du Riff ), Queneau se marie en 1928 avec la belle-sœur de Breton.
En 1932, il fait un voyage en Grèce, au cours duquel il commence à écrire Le Chiendent, roman qui paraît en 1933 et obtient le prix des Deux-Magots.
Après avoir été journaliste pendant quelques années et avoir fait plusieurs petits métiers, Queneau entre en 1938 aux éditions Gallimard où il devient lecteur, traducteur d’anglais, puis membre du Comité de lecture. Il est nommé en 1954 directeur de la collection « Bibliothèque de la Pléiade ».
2. Premiers succès
C’est avec Pierrot mon ami, paru en 1942, qu’il connaît son premier succès. En 1947 paraît Exercices de style, un court récit décliné en une centaine de styles, qui lui furent inspirés par L’Art de la fugue de Jean Sébastien Bachet entendu en concert qui avait fait naître en lui l’envie de développer différents styles d’écriture.
Sally Mara, nom emprunté par Raymond Queneau, publie la même année On est toujours trop bon avec les femmes qui lui vaut des démêlés avec la censure
À la Libération, il fréquente Saint-Germain-des-Prés et les "caves" où se produisent de nommbreuxx artistes. Son poème Si tu t’imagines, mis en musique par Joseph Kosma est un des succès de la chanteuse Juliette Gréco. D’autres textes sont interprétés par les Frères Jacques. Il écrit des paroles pour des comédies musicales, des dialogues de films dont Monsieur Ripois, réalisé par René Clément, et aussi le commentaire du court métrage d’Alain Resnais Le Chant du styrène.
Il publie de nouvelles chroniques fantaisistes de la vie de banlieue : Loin de Rueil (1944), Le Dimanche de la vie (1952), dont le titre est emprunté à Hegel. Et Saint-Glinglin (1948), un roman plus expérimental qui rassemble des textes publiés séparément depuis 1934.
3. Amoureux des sciences et du langage
Raymond Queneau s'est intéressé avec beaucoup d’intérêt au langage. Et cet aspect de son oeuvre a très vivement frappé les critiques. Tous ses commentateurs, ont insisté surtout sur le « français parlé » de Queneau, ce « néo-français » et plus précisément sur ce qui leur sautait immédiatement aux yeux : les trouvailles phonétiques, comme Polocilacru (Le Dimanche de la vie) et le célèbre Doukipudonktan sur quoi s'ouvre Zazie dans le métro.
Il faut dire que le langage de Queneau joue sur deux niveaux : le corrosif et le bâtisseur. Le corrosif qui dénonce les vacuités de la langue. Le bâtisseur qui offre de nouvelles formes d'écriture, plus directes, plus efficaces ou plus subtiles.
Raymond Queneau adhère à la Société mathématique de France en 1948. Il s’évertue à appliquer des règles arithmétiques à la construction de ses œuvres. En 1950, il publie un texte d’inspiration scientifique, Petite cosmogonie portative. Il publie également cette année-là un recueil d’études critiques, Bâtons, chiffres et lettres.
Toujours en 1950, il entre au Collège de Pataphysique, et est élu à l’Académie Goncourt en 1951.
Il fonde en décembre 1960, avec François Le Lionnais, un groupe de recherche littéraire, le Séminaire de littérature expérimentale (Selitex) qui allait très vite devenir l'OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle).
4. et de la poésie
Avec Cent mille milliards de poèmes (1961), Raymond Queneau réussit un exploit tant littéraire qu’éditorial. Son « livre-objet » offre au lecteur la possibilité de combiner lui-même des vers de façon à composer des poèmes répondant à la forme classique du sonnet régulier :
deux quatrains suivis de deux tercets, soit quatorze vers. Au final « Cent mille milliards » est le nombre de combinaisons possibles calculé par Queneau pour cette "machine à fabriquer des poèmes, mais en nombre limité ; il est vrai que ce nombre, quoique limité, fournit de la lecture pour près de deux cents millions d’années (en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre). »
L’intérêt de Queneau pour la poésie est très ancien. Ainsi en 1937 paraissait Chêne et chien, premier recueil de vers de Queneau, Dans ce recueil, il évoque une poésie quotidienne qui n'apparaissait plus en 1930 (et jusque vers 1970) que dans les chansons.
5. Son dernier envol
Son roman Les Fleurs bleues (1965), qui est un nouveau succès public pour Queneau, illustre la morale de Tchouang-Tseu qui se demandait s’il était Tchouang-Tseu rêvant d’un papillon ou un papillon qui rêvait qu’il était Tchouang-Tseu…
Il poursuit son œuvre poétique et romanesque Courir les rues, Battre la campagne, Fendre les flots. Et publie un dernier roman ; le Vol D’Icare
Raymond Queneau meurt le 25 octobre 1976 d'un cancer du poumon. Il est inhumé au cimetière ancien de Juvisy-sur-Orge (Essonne).
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